Qui a dit qu’il ne se passait pas grand chose dans les Vosges ? En 1977, bien avant l’affaire du petit Grégory, la région voit soudain d’insistants projecteurs se braquer sur elle. La responsable ? Une sorte de bête du Gévaudan 2.0, un montre mystérieux, mi-loup, mi-fantasme, qui décime les troupeaux avec un enthousiasme féroce. La bête des Vosges est né, le succès médiatique va suivre.
Si les rumeurs initiales datent de 1975, le mois de février 1977 est bien celui des premières apparitions confirmées. C’est d’abord Lucien Baret, garde fédéral, qui voit un énorme animal prendre en chasse un chevreuil dans les bois de Rambervillers.
Quelques semaines plus tard, à Domèvre-sur-Durbion, on retrouve 7 brebis égorgées. Suivront des boeufs à Morinville, 12 moutons à Hadigny-les-Verrières, des poulets, des chevaux, etc…
Pendant toute une année, la bête se joue des battues, des chasseurs, de l’armée, des journalistes… et massacre 300 animaux entre Épinal et la Bresse. Le portrait-robot, d’après photos et témoignages, évoque :
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un gros chien-loup au pelage gris-jaune, d’au moins 60kg, vif, très rusé.
La bête des Vosges, un lynx ou un loup ?
On mentionne un lynx (photo ci-dessous). On parle aussi d’une vengeance entre agriculteurs. On se tourne aussi vers un certain Herr Reinartz, riche propriétaire du château d’Hadigny-les-Verrières, qui a la fort mauvaise idée de porter un nom proche de celui d’un colonel nazi passé 30 ans plus tôt dans la région.
La bête des Vosges serait-elle finalement qu’un loup ? …
Traqué par les médias (le Nouvel Observateur, qui fait dans le raffinement, compare les clôtures de sa maison à des « Miradors type Auschwitz »), l’homme craint pour sa vie. La rumeur voudrait qu’il ait introduit un couple de loups dans son domaine, et que ces derniers, affamés, aient fini par s’échapper.
Mais l’hypothèse ne résiste guère à un examen approfondi. Le loup n’attaque que lorsqu’il est affamé. Or, le domaine du sieur Reinartz, vaste de plusieurs hectares, était un authentique domaine de chasse ; les bêtes avaient largement de quoi se sustenter sur place, et aucune raison de franchir les clôtures.
… ou un Lynx ?
A Paris, la presse ne s’en enflamme pas moins. Un article de l’Express décrit les Vosgiens comme des semi-demeurés vivant repliés sur eux-mêmes. « Des marginaux, en quelques sortes ». Les reportages télé enfoncent le clou. Dans l’un d’eux, un certain Gérard Holz lance son sujet sur fond de clair de lune et de hurlements nocturnes.
Ce n’est plus la course au monstre mais la traque à l’audimat. Craignant sans doute un essoufflement, la bête des Vosges prend congé le 2 juin 1976 après une ultime attaque de moutons. L’énigme demeure entière.
Bien des années plus tard, en 1994, une louve attaque des troupeaux, mais sa dépouille est bientôt retrouvée. en 2011, nouvelle curée dans le village de Ventron : 40 moutons dépecés. Las ! Comme si le XXI° siècle s’était trouvé d’autres monstres, l’emballement médiatique n’est plus au rendez-vous.
Là-haut dans ses montagnes, seule et fatiguée, la bête des Vosges regrette sans doute le bon vieux temps.
En attendant, l’histoire est tellement connue qu’une bière régionale porte le nom de la désormais célèbre bête des Vosges.
le garde fédéral c’est mon papa !!!
Je vous propose un petit reportage de 2 minutes de l’INA qui parle de cette bête des Vosges. En prime, l’accent bien prononcé de la montagne vosgienne 😀 😀
https://www.youtube.com/watch?v=oXUOZWkLW-Q
Ah c’était le bon temps !
Bien loin de tout ce qui pourrit notre existence aujourd’hui