Le Yéti ou abominable homme des neiges est une créature mystérieuse faisant partie des légendes népalaises.
Un jour de 1951, traversant un glacier au pied de l’Everest, l’alpiniste anglais Éric Shipton tomba sur des traces de pas d’une taille impressionnante.
Il en photographia une. En plantant son piolet à côté d’elle pour donner l’échelle.
L’empreinte mesurait 45 cm de long et 35 cm de large, et sa forme était étrange, avec trois petits orteils et un énorme gros orteil qui semblait tout rond.
Ces traces étaient à l’évidence celle d’une créature bipède, et non d’un quadrupède comme un loup ou un ours. Les empreintes rappelaient plus ou moins celles d’un orang-outan, mais il n’y a pas d’orangs-outans au Tibet.
Première mention du yéti
Depuis toujours, les voyageurs européens qui se sont rendus au Tibet se sont entendus conter par les autochtones la légende une énorme créature simiesque appelée le « metoh kangmi », que l’on pourrait traduire par » le répugnant homme des neiges ».
La légende est répandue dans une aire géographique très vaste, du Caucase à l’Himalaya, du Pamir jusqu’aux confins orientaux de la Sibérie.
La créature est appelée mehteh ou yéti en Asie centrale, alma dans le Caucase.
Dès 1832, le résident anglais à la course du Népal, B.H Hodgson, mentionné dans un de ces rapports que les chasseurs autochtones avaient très peur d’un « homme sauvage » couvert de longs poils noirs.
En 1889, le major Laurence Waddell découvrit dans l’Himalaya, à 5000 m d’altitude, d’ébormes empreintes dans la neige ; ses guides lui assurèrent qu’il s’agissait de celle d’un yéti.
Ils lui expliquèrent que cette créature féroce pouvait attaquer des hommes et les emporter pour les dévorer.
Pour lui échapper, le mieux était selon eux de courir dans le sens de la pente, car le yéti avait du mal à voir vers le bas, à cause des longs poils qui lui tombaient sur les yeux.
En 1921, durant la première tentative d’ascension de la face nord de l’Everest, des alpinistes aperçurent aux loin plusieurs créatures de grande taille qui se frayaient un chemin dans la neige. Les sherpas leur assurèrent que c’étaient des yétis.
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En 1925, un membre de la Royal Géographical Society, N.A Tombazi, essaya de photographier une créature bipède et nue sur le glacier de Zemu ; mais elle s’éclipsa avant qu’il ait eu le temps de faire la mise au point.
Toutefois, les légendes étaient trop nombreuses, les divers témoignages trop imprécis et trop peu crédibles pour que les scientifiques leur accorde quelque foi.
C’est pourquoi la photo de Shipton fit sensation : elle avait été prise par un scientifique, qui n’avait aucune raison de falsifier les faits. Et elle était éloquente.
Doutes et hypothèses
Le département d’histoire naturelle du British Museum réfuta l’idée que l’empreinte de Shipton fut celle d’un yéti.
Pour l’un de ces experts les plus éminents, T.C.S Morrison-Scott, les traces étaient celle d’un singe de l’Himalaya, appelé langur.
Il se fondait sur la description qu’avait donnée du yéti Tenzing Norgay, le sherpa qui avait conquis l’Everest aux côtés de sir Edmund Hillary en 1953.
Selon Norgay, le yéti mesurait 1,50 m, il avait un crâne ovale et une fourrure brun-roux. Une description qui selon Morrison Scott ressemblait assez à celle du langur.
On lui objecta que le langur, comme la plupart des singes, se meut le plus souvent à quatre pattes, et qu’il possède cinq orteils très allongés, bien différent des quatre orteils arrondis montrés sur la photo.
Le zoologiste hollandais Bernard Heuvelmans fit preuve de plus d’imagination, dans une série d’articles publiés en 1952.
Il est rappelé qu’en 1934, le docteur Ralph von Koenigwald avait découvert chez un apothicaire chinois deux Hong Kong un assortiment de dents très anciennes.
L’une d’elle était une molaire d’apparence anthropoïde, mais deux fois plus grosse qu’une molaire de gorille adulte.
On pouvait déduire de sa taille que son propriétaire mesurait plus de 3,60 m.
D’autres découvertes ont permis d’établir que ce géant, baptisé gigantopithèque, a vécu il y a 500 000 ans.
Pour Heuvelmans, les traces de Shipton pourraient être celles d’un grand bipède descendant du gigantophitèque.
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L’abominable yéti
Comment le « métoh kangmi », ou yéti est-il devenu l’« abominable homme des neiges » ?
Apparemment, en 1921, quelqu’un a traduit métoh, qui signifie « crasseux », par « abominable ». Le nom a plu.
Répliques sacrées
En 1954, le London Daily Mail organisa une expédition pour capturer (ou tout au moins photographier) un yéti.
Les membres de l’expédition sillonnèrent l’Himalaya pendant quatre mois, sans entrevoir le moindre « abominable homme des neiges », mais ils n’en firent pas moins une découverte sensationnelle : plusieurs monastères tibétains possédaient des « scalps de yéti », qu’ils honoraient comme des reliques sacrées.
De forme conique, un peu comme une mitre d’évêque, ces scalps fascinant étaient couverts de poils et comportaient une sorte de « crête » médiane, formée de poils hérissés.
Si l’un d’eux s’avéra être un faux ( des morceaux de peau cousus entre eux ), les autres étaient indubitablement authentiques.
On soumit quelques poils à l’analyse experts, qui déclarèrent qu’ils n’appartenaient à aucun animal connu.
La réalité de l’existence du yéti semblait bel et bien démontrée.
Un yéti qui bêle ?
Hélas, il n’en était rien. sir Edmund Hillary, le vainqueur de l’Everest, put emprunter l’un de ces scalps, qu’il fit examiner par Bernard Heuvelmans : son aspect rappela à ce dernier une sorte de chèvre sauvage du Népal, le serow, qu’il avait vue dans un zoo avant la guerre.
Heuvelmans alla examiner un serow à l’Institut royal de Bruxelles.
L’examen comparatif prouva que le « scalp du yéti » était en fait une peau de serow moulée à la vapeur. Il ne s’agissait pas d’une mystification délibérée ; à l’origine, l’objet était un bonnet porté lors de certaines cérémonies religieuses.
Avec le temps, le souvenir s’en était effacé, les moines avaient fini par l’appelé «scalp de yéti».
Les convaincus et les sceptiques
L’affaire des scalps convainquit les sceptiques que le yéti n’était qu’une légende. Pourtant, on continua à relever et à photographier ses traces en abondance.
En 1955, l’abbé Bordet suivit trois pistes distincte dans la neige.
Le Squadron Leader Lester Davies filma des empreintes énormes la même année.
En juin 1970, l’alpiniste Don Whillans aperçut une créature à l’aspect simiesque dans l’Annapurna : lord Hunt photographia encore des traces de yéti en 1978.
En 1958, après avoir lu un article sur l’Alma dans une revue moscovite, le lieutenant-colonel V. Karapetyan prit contact avec un éminent savant soviétique, le professeur Boris Porchnev, pour lui apporter son propre témoignage.
Pendant la guerre, Karapetyan avait combattu dans le Caucase. Un jour, dans la région de Buinaksk, un groupe de partisans lui demanda de venir examiner un de leurs prisonniers : Ils le gardaient enfermé dans une grange parce que dés qu’il se trouvait dans une pièce chauffée, l’homme se mettait à transpirer à grosses gouttes et à sentir très mauvais ; il était de plus infesté de poux.
Le captif ressemblait plus à un singe qu’un homme : nu et hirsute, il paraissait hébété et clignait sans cesse des yeux.
Il ne comprenait pas ce qu’on lui disait, et il ne tenta pas de se défendre quand Karapetyan lui arracha quelques poils.
Finalement, l’officier laissa les partisans décider eux-mêmes du sort du malheureux.
Les archives ont révélé par la suite que l’homme avait été fusillé comme déserteur.
En janvier 1958, le docteur Alexandre Ponine, de l’université de Leningrad, annonça qu’il avait aperçu un alma.
Alors qu’il se trouvait dans le Pamir, une chaîne de montagnes de l’Asie centrale, il avait une silhouette d’une créature se détacher au sommet d’une falaise.
Elle ressemblait à un homme et était couverte de poils gris-roux. Ponine put l’observer pendant plus de cinq minutes. Quelques jours plus tard il la revit au même endroit.
Abondance de preuve
En dépit du scepticisme des autorités soviétiques, Porchnev entreprit de compiler toutes les observations d’« homme sauvage ».
L’impressionnant corpus de preuve qu’il a rassemblé est décrit en détail dans l’ouvrage d’Odette Tchernine, « Le yéti ».
Selon elle, la créature pourrait être un homme de Neandertal, une espèce qui a disparu il y a 25 000 ans.
Les preuves de l’existence du yéti semblent solide : il a été vu à des centaines de reprises, il paraît peu probable qu’il s’agisse d’une pure invention.
Sus au Yéti
Le yéti suscite un regain d’intérêt depuis qu’en 2004 le rédacteur en chef de la revue nature, Henry Gee, l’a cité parmi les plus grands problèmes dignes d’être étudié avec attention.
En 2007, une équipe de télévision américaine a relevé des traces près de l’Everest.
L’analyse des moulages a montré que les empreintes étaient parfaites du point de vue morphologique, et qu’elles ne présentaient aucune trace de falsification.
Stimulée par cette découverte, une équipe japonaise est partie pour le Tibet fin 2008, bien décidée à ramener des images d’un yéti.