Depuis plusieurs dizaines d’années, d’étranges formations géométriques apparaissent dans des champs de céréales, les crop circles. Si la majorité d’entre eux est d’origine humaine, des doutes subsistent encore pour les autres. Et s’ils étaient d’origine extraterrestre ?
Le 19 Janvier 1967, un agriculteur du nom de Goeorge Pedlez conduit son tracteur près de Tully en Australie. Il est 9 heures lorsque, d’après son témoignage, il entend un fort sifflement et assiste au décollage d’une soucoupe volante.
Dans les marécages, juste au-dessus de l’endroit où se trouvait selon lui la soucoupe, serait apparu un disque au sein duquel la végétation est aplatie. Ce nid de soucoupe de Tully est aujourd’hui considéré comme le premier crop circle.
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Le crop circle de Tully en images
Un article de journal racontant l’affaire du crop circle de Tully en Australie
Canular et faux cercles de culture autour de Stonehenge
Dix ans plus tard, à partir de 1978, les crop circles (« cercles de culture »en français, appelés par certains « agroglyphes » ou « agrogrammes » étymologiquement « représentation graphique dans l’agriculture ») se propagent comme une trainée de poudre à travers le globe, notamment en Angleterre aux alentours de Stonehenge, dans le comté de Wiltshire, ou encore dans celui du Hamp-shire. Les crop circles sont d’immenses dessins réalisés dans des champs de céréales par couchage des plantes, dont le cercle est la figure principale. Du simple cercle à des fractales très compliquées (comme l’ensemble de Julia), ils ne seraient pas moins de 100.000 à avoir vu le jour à travers la planète.
Élémentaires dans un premier temps, les crop circles se sont complexifiés au cours des années, pour devenir de véritables oeuvres d’art, que certains appellent aujourd’hui du « Land Art ». En 2001, l’un des cercles reproduisait approximativement le schéma envoyé en 1974 par le radiotélescope d’Arecibo en direction de l’amas d’Hercule (M13) à destination d’éventuels extraterrestres. Une « science » est née, la céréalogie, dont les chercheurs, les « céréalogues » sauraient distinguer les vrais cercles des faux.
Crop circle autour de Stonehenge apparu en 1996
Un faux cercle de culture (l’immense majorité des cercles connues à ce jour) est l’ouvrage d’un humain ou d’un groupe d’humains. Ainsi, dans le cas des cercles apparus dans la région de Stonehenge, deux paysagistes (Doug Bower et Dave Chroley) reconnurent en 1991 être les auteurs des cercles sur une période de 20 ans. C’est le fameux « Land Art ». De l’autre coté, il existerait de vrais cercles de culture, qui ne seraient pas d’origine humaine.
L’affaire de Hoeven
En juin 1999, dans un village du nom de Hoeven (Brabant-Septentrional, Pays-Bas), un jeune homme assure avoir assisté à d’étranges phénomènes lumineux (des BOL, ou Balls of Fire) au-dessus d’un champ de blé. Le même jour, deux cercles de 9 mètres de diamètre apparurent dans le champ : des crop circles. Le jeune homme fait alors appel à un physicien, Elto Haselhoff, afin d’étudier ces phénomènes étranges. Haselhoff prélève donc des échantillons, soit plus de 1500 tiges de blé, à l’intérieur et à l’extérieur des deux cercles, selon un protocole qu’il veut le plus rigoureux et le plus scientifique possible.
Le but de Hasselhof est de mesurer la longueur moyenne des noeuds (les articulations des tiges). Le résultat obtenu est le suivant : plus les tiges de blé se trouvaient proches du centre, plus leurs noeuds étaient allongés et inversement, plus elles étaient éloignées du centre, moins leurs noeuds étaient allongés. Haselhoff formule l’hypothèse selon laquelle il existerait une relation entre les phénomènes lumineux et les allongements des noeuds. Plus précisément l’intensité des radiations émises par les BOL étant plus forte au centre du cercle (et allant décroissant vers les bords) aurait provoqué ces différences d’allongements des noeuds.
Boudée par la communauté scientifique, cette hypothèse sera critiquée pendant de nombreuses années. On lui reproche par exemple de ne pas avoir choisi des échantillons de manière sérieuse. Certains avancent la contre-hypothèse selon laquelle le soleil serait responsable de ces différences d’allongement. Haselhof reviendra sur le devant de la scène en 2008 en réalisant des crop circles « à la main » et en procédant aux mêmes séries de tests sur les tiges. Plus aucune symétrie dans les allongements des noeuds n’est alors décelable. Ce point précis (l’élongation des noeuds) fait partie des nombreuses questions non résolues que soulèvent les céréalogues.
Les questions de la céréalogie
La première question soumise par les céréalogues à la communauté scientifique est une question de durée, de rapidité de réalisation. De nombreux témoignages attesteraient que des cercles de culture sont apparus en quelques minutes (le temps du survol d’un champ par un avion à l’aller et au retour de son parcours par exemple), alors que leur réalisation aurait dû prendre des heures si des humains les avaient faites avec leurs mains ou leurs pieds.
Ensuite, vient la question de la manière dont les tiges ont été pliées : ni écrasées, ni piétinées, ni cassées, les tiges semblent avoir subi une déformation à la base par surchauffe. Les céréalogues ayant consulté des biologistes expliquent ce phénomène par un chauffage par un faisceau de micro-ondes.
Selon les mêmes témoignages, les céréales ne seraient par disposées de manière aléatoire sur le sol, elles seraient tressés et empilées les unes sur les autres suivant des couches de tissage, de manière très minutieuse. Un travail que pourrait faire un humain si tant est qu’il en ait le temps !
Nous trouvons ensuite la question du magnétisme. En effet, des anomalies magnétiques sembleraient apparaitre au sein des crop circles, si bien que les batteries et piles électriques s’y déchargeraient beaucoup plus vite qu’à l’ordinaire, que les appareils électroniques y dysfonctionneraient, que les gens y seraient sujets à des nausées et des des sons à basse fréquence y seraient parfois entendus. La très grande complexité et la réalisation quasi parfaite de certains de ces cercles de culture laisseraient penser qu’ils ne peuvent pas avoir été pensés et réalisés par un cerveau humain.
Enfin la question centrale mise en tant par tout véritable céréalogue reste l’élongation des noeuds. Car comme nous l’avons évoqué pour le cas de Hoeven, l’élongation des noeuds n’est pas la même selon la position de la tige dans le cercle.
Ces différentes questions apparemment sans réponse, ont fourni le matériel nécessaire pour que la thèse ufologique soit avancée. Les cercles de culture seraient ainsi des messages codés laissés par des extraterrestres, voire des documents techniques pour faire avancer la science humaine.
Des céréalogues courageux ont tenté de décoder ces messages (en utilisant par exemple le principe de codage utilisé lors de l’envoi du message terrestre à partir de l’antenne d’Arecibo). Il faut bien reconnaitre que jusqu’à présent, les résultats ne sont pas très concluants.
Une action humaine ne peux pas expliquer un tel type de courbure
Le projet VECA
Mais tous ces éléments méritent tout de même qu’on y regarde de plus près. C’est ce que a entrepris de faire Gilles Munsch, professeur en génie mécanique, en lançant le projet VECA (Voyage d’étude des cercles de culture) en 1991. Il conclut son enquête de 2 ans en Angleterre par un rapport dans lequel il écrit :
« La vraisemblance de l’hypothèse fabrication humaine comme explication totale ou majoritaire du phénomène actuellement perceptible semble s’imposer. […] Les cercles nécessitent au moins deux personnes pour leur tracé et l’emploi d’un lien souple (rigide ou élastique) comme par exemple une corde lisse ou une corde à noeuds ».
Et de fournir la méthodologie complète pour fabriquer un très beau cercle de culture, une sorte de manuel pour parfait petit « Crop Maker ». On retrouve ces informations par exemple sur le site Circle-makers (Faiseurs de Cercles) crée par John Lundberg. Cet artiste et réalisateur de documentaire anglais s’est pris de passion pour les cercles de culture après les révélations des deux paysagistes plaisantins. On trouve sur son site de très belles créations réalisées par des équipes entrainées, mais aussi des explications pour débutants en la matière.
Dans son rapport, Gilles Munsch émet l’hypothèse d’un crop circle originel né d’un caprice météo et enrichi de la main de l’Homme, puis d’un phénomène récupéré par des humains un peu joueurs. Cela rejoint la théorie présentée quelques années auparavant par un météorologiste d’Oxford : ces phénomènes ne seraient dû qu’à des mini-tornades qui coucheraient les épis en les enroulant selon son sens de rotation.
D’un autre coté, une équipe appelée BLT Research Team prétend avoir découvert des isotopes radioactifs rares dans les cercles de culture, réactivant la thèse des boules de lumière (BOL) émettrice de micro-ondes comme origine des cercles.
Aujourd’hui, deux camps s’affrontent dans cette guerre des crop circles. Les tenants de l’explication purement humaine, parmi lesquels on trouve naturellement les artistes du Land Art et de l’autre coté, les partisans de la thèse ufologique. Parmi ces derniers, les motivations sont hétérogènes. Si certains défendent cette thèse de manière tout à fait désintéressée, pour faire avancer nos connaissances sur le monde extraterrestre, d’autres y ont vu un intérêt tout à fait mercantile. Les agriculteurs font ainsi payer le droit d’entrer pour visiter les champs concernés, les survols en ULM sont eux aussi taxés et des accords ont été passés avec des grandes marques de céréales ou d’électronique. Certains tentent donc encore aujourd’hui, pour des raisons diverses, d’entretenir le mythe d’une origine extraterrestres des cercles de culture, même si elle est sérieusement sujette à caution.