La terraformation de Mars est le processus hypothétique par lequel le climat, la surface, et les propriétés actuelles de Mars pourraient être délibérément modifiés afin de rendre la planète habitable pour les humains et toute autre forme de vie terrestre. La terraformation permettrait la colonisation sécurisée et durable de grandes régions de la planète.
La Terre est actuellement un véritable paradis pour la vie. Malheureusement, cette situation ne durera pas éternellement. Tôt ou tard, et quelle qu’en soit la raison, notre planète finira par nous devenir hostile. Il nous faudra alors nous installer ailleurs ou tout simplement disparaitre. Dans ce cadre, l’une des perspectives qui pourrait nous éviter de finir aux oubliettes de l’Histoire, serait de travailler à rendre l’une des planètes voisines de la Terre habitable. Ce processus porte un nom : la terraformation.
Terraformer effectivement une planète reste pour le moment du domaine de la science-fiction. Si tant est qu’une telle entreprise soit possible, elle s’étendrait au bas mot sur des millénaires et nécessiterait une technologie qui dépasse de très loin celle dont nous disposons aujourd’hui. Ceci étant dit, rien n’interdit de s’interroger sur la façon dont un tel projet pourrait être mené à bien. C’est exactement ce que les scientifiques ont fait en se penchant sur le cas particulièrement intéressant de Mars.
Représentation artistique de la terraformation de la planète Mars
La planète Mars est la meilleure candidate pour une terraformation
En matière de terraformation, la planète rouge est la meilleure candidate du système solaire. Ses températures sont relativement proches de celles de la Terre, elle abrite d’importantes réserves d’eau et la longueur de ses journées serait adaptée à des organismes habitués à des cycles jour/nuit de 24h. Mars dispose indéniablement d’un certain nombre d’atouts mais pour en faire un lieu propice à la vie, il faut que l’eau liquide puisse y exister. Ce n’est pas le cas actuellement et pour que ça le devienne, l’Homme devra y modifier les conditions de température et de pression.
Aujourd’hui, la planète rouge affiche une température moyenne de -55°C. L’eau y est donc stockée sous forme de glace, et c’est un premier problème puisque la vie nécessite de l’eau liquide. De plus, Mars n’a quasiment pas d’atmosphère et donc quasiment pas de pression atmosphérique. Hors plus la pression atmosphérique est faible et plus la température à laquelle l’eau s’évapore est basse. Sur Terre par exemple, l’eau bout et s’évapore à 100°C, alors que sur Mars la même chose se produit dès que le thermomètre indique 0. Cela signifie que lorsque les températures martiennes montent suffisamment – typiquement en été, à l’équateur – l’eau passe directement de l’état solide à l’état gazeux sans passer par la case liquide.
Une peinture représentant le processus de terraformation de Mars
Un plan en plusieurs étapes
Pour résoudre ces problématiques, les chercheurs ont imaginé un plan astucieux: réchauffer les calottes polaires de la planète pour en fondre les glaces d’eau et les glaces de dioxyde de carbone. Une fois libéré, ce dioxyde de carbone irait naturellement épaissir l’atmosphère martienne. Deux choses en découleraient : tout d’abord une pression atmosphérique plus importante, ensuite un réchauffement global par effet de serre. Les spécialistes estiment qu’une augmentation de seulement 4°C au niveau des pôles pourrait ainsi déclencher une réaction en chaine qui altèrerait complètement le monde martien et permettrait à l’eau liquide d’y abonder.
Pour amorcer le processus de fonte, les scientifiques envisagent toute une série de scénarios. L’un d’eux suggère par exemple de bombarder les pôles avec de petits astéroïdes, pour les recouvrir d’une fine pellicule de poussière noire. Cette poussière absorberait très efficacement l’énergie solaire et ferait ainsi fondre les glaces martiennes. Le dioxyde de carbone nécessaire à la terraformation de la planète serait alors libéré et le tour serait joué. Une autre possibilité serait de positionner des miroirs géants à proximité de Mars et de rediriger un maximum de rayonnement solaire vers les pôles pour les faire fondre.
Représentation du sol martien
De nombreuses difficultés
Peu importe la technique employée, l’idée est toujours la même : agir localement pour obtenir des résultats globaux. Malheureusement, cette stratégie est largement compromise par un certain nombre d’éléments. Contrairement à la Terre, Mars ne dispose ni d’une gravité suffisante pour retenir une atmosphère conséquente, ni d’un champ magnétique protégeant son enveloppe gazeuse des vents solaires. Pour ses deux raisons, y maintenir des conditions propices à la vie nécessiterait un apport permanent de gaz, pour contrebalancer la lente évasion de la nouvelle atmosphère dans l’espace. Un peu comme si vous deviez continuellement actionner votre pompe à vélo pour maintenir gonflé un pneu crevé.
Un autre souci réside dans la distance de Mars au Soleil. La planète rouge est bien plus éloignée de son étoile que la Terre et le rayonnement qui l’atteint est donc plus faible. Dès lors, beaucoup plus de C02 atmosphérique est nécessaire pour assurer son bon réchauffement. Malheureusement, de tels niveaux de dioxyde de carbone seraient mortels pour l’Homme. Terraformer Mars de cette façon, serait donc faire le choix d’y vivre constamment isolé du milieu extérieur – soit dans une base, soit dans une combinaison.
C’est la raison pour laquelle, certains imaginent l’utilisation de composés chimiques alternatifs. Avec une technologie appropriée, l’azote martien pourrait par exemple être transformé en ammoniac, un gaz idéal pour faire grimper les températures. D’autres envisagent tout simplement la vapeur d’eau : c’est le principal gaz à effet de serre sur Terre alors pourquoi pas sur Mars ? Une dernière possibilité serait de construire un gigantesque miroir dont le rôle serait de chauffer la planète rouge depuis une position distante dans l’espace.
L’eau : élément central de la vie sur Mars
En admettant que l’Homme parvienne finalement à dompter l’atmosphère martienne, deux nouveaux défis se présenteront à lui. Le premier consistera à trouver un moyen de libérer l’eau prisonnière des entrailles de la planète afin de pouvoir l’utiliser. Le second sera l’introduction progressive de la vie. Cela commencerait par des bactéries et des lichens capables de résister au froid et de transformer du dioxyde de carbone en oxygène. Une fois le climat devenu plus clément, une série de plantes pourraient être introduites pour coloniser la surface martienne. Enfin, des taux d’oxygène suffisants permettraient à la planète d’accueillir ses premiers animaux – peut-être génétiquement modifiés pour des raisons pratiques.
Reste que tout cela n’est pas malheureusement pas pour demain. Outre les progrès technologiques nécessaires à un tel tour de force, les scientifiques ne savent même pas si les pôles de Mars renferment assez de CO2 pour envisager sérieusement sa terraformation. La réalité vient hélas de nous rattraper : la Terre est notre seule maison et elle le restera encore très longtemps. À moins bien sûr que nous choisissions de ne rien changer à notre comportement. Dans ce cas, notre prochaine destination sera à n’en pas douter le panthéon des espèces disparues.
Cette vision est sans doute scientifique, mais très pessimiste. La présence sur mars d’individus avides de réussir, de la chance et du hasard permettront, sans doute, de réussir et d’échouer en nous montrant des manières de subsister.