Noé était le seul homme capable de construire un navire suffisamment imposant et d’affronter un voyage si dangereux en plein Déluge universel, pour sauver les hommes, les femmes et les animaux destinés à repeupler la Terre.
Seuls un homme et une famille d’une telle probité pouvait échapper à la punition divine.
La Bible relate la grande catastrophe naturelle qui frappe à la tête: Dieu, furieux contre les hommes à cause de leur violence et de leur malignité, aurait décidé de submerger les terres, faisant ainsi disparaître la totalité des êtres vivants.
Soucieux d’épargner les justes, il aurait demandé à Noé de construire une arche en bois de cyprès, partagée en plusieurs compartiments, badigeonnée de bitume à l’intérieur comme à l’extérieur.
Le projet du seigneur était soucieux du moindre détail : l’arche devait mesurer 300 cubites de long (156 mètres), 50 de large (26 mètres) et 30 de hauteur (15 mètres).
L’entrée devait se trouver sur le côté, et l’intérieur s’agencer sur trois étages.
Le pacte d’alliance scellée entre Dieu et Noé était tout aussi précis : l’arche devait accueillir Noé et ses fils Sem, Cham et Jafet, ainsi que sa femme et les femmes de ses enfants, tout comme les mâles et les femelles de «ce qui vit, de chaque chair», de spécimens de chaque espèce, destiné à repeupler un jour la planète, avec de la nourriture pour tous, hommes et bêtes.
La montée des eaux
La Bible dit aussi que Noé était âgé de 600 ans au moment du déluge. Respectant la volonté divine, il construisit l’arche et attendit le moment où les eaux «jaillirent de toutes les sources du grand abîme et s’ouvrir les cataractes du ciel». Les animaux «grimpèrent par couple dans l’arche de Noé».
Dès lors, des pluies incessantes commencèrent à tomber, 40 jours et 40 nuits durant. La crue souleva l’arche et la fit flotter. La pluie couvrit les montagnes les plus hautes et l’eau dépassa de 7 mètres leurs sommets. Tous les êtres vivants furent noyés, seul Noé et ses compagnons de l’arche eurent la vie sauve.
Le niveau des eaux resta très élevé 150 jours durant, jusqu’au moment où Dieu le fit baisser en faisant souffler une brise salvatrice. L’arche s’immobilisa sur le mont Ararat. Noé ouvrit alors une fenêtre et fit sortir le corbeau pour s’assurer que les eaux s’étaient retirées.
Noé et ses fils construisent l’arche La construction de l’Arche de Noé d’après la composition de Jacopo Bassano
Ensuite il lâcha par deux fois une colombe qui finit par rentrer avec une brindille d’Olivier dans le bec : le Déluge était enfin terminé, la Terre fut libérée des eaux et une nouvelle vie put commencer sur la planète.
À la recherche de l’arche perdue
L’arche se serait donc posée sur le mont Ararat, en Turquie, là où les archéologues la cherchent encore, au milieu des neiges et des glaciers.
Mais quelle est la part de vérité dans le texte biblique ? Pour le découvrir, des dizaines de chercheurs, armés des instruments les plus sophistiqués se succèdent sur ces sommets depuis 1829 à la recherche de ne serait-ce qu’un minuscule morceau de l’arche. Dans le passé, même le dernier tsar de Russie se passionna pour cette quête.
En 1876, lord James Bryce rapporte à Londres morceau de bois vieux de 3000 ans en affirmant qu’il a retrouvé l’arche dans les glaciers du mont Ararat à 4000 m d’altitude.
Peu de temps après, un explorateur arménien déclare que non seulement il a atteint l’arche, mais qu’il a même pu y pénétrer.
Encore aujourd’hui, ces recherches passionnent les spécialistes du monde entier.
L’arche de Noé sur le mont Ararat
Certains sont convaincus d’en avoir déjà retrouvé un fragment, c’est le cas de celui en forme de croix conservé dans le monastère turc orthodoxe d’Echmiad-zin, tandis que d’autres y consacrent leur vie entière.
L’explorateur italien Angelo Palego a commencé en 1984 une longue série d’expéditions sur le mont Ararat ; en 1989, il affirme être parvenu à atteindre les vestiges de l’arche à 4300 m d’altitude, suivant les indications exactes de la Bible.
D’autres expéditions se sont laissées guider par ces mêmes indications ainsi que par des données satellitaires, et semblent avoir trouvé une forme non identifiée au sommet du mont Ararat.
Avant Noé
Une expédition scientifique organisée par le Centre national de recherche italien et par la Colombia University a retrouvé au fond de la mer de Marmara les indices géologiques qui confirmeraient l’hypothèse d’un cataclysme immémorial qui pourrait coïncider avec l’événement ayant déclenché le déluge décrit par la Bible.
Selon les anthropologues, le mythe du Déluge universel élargi plus répandu de l’histoire de l’humanité.
Dans le monde, on en dénombre environ 300 récits différents qui accompagnent les mythes de la création de civilisations parfois très éloignées géographiquement.
L’ancienneté de ce mythe a été mise à jour vers le milieu du siècle dernier, lorsque les archéologues du British Museum découvrirent à Ninive l’immense bibliothèque du roi Assourbanipal, souverain d’Assyrie (669-627 avant Jésus-Christ) qui conservait des milliers de tablettes gravées en caractères cunéiformes.
On y a retrouvé des traités de magie, de médecine, de philosophie, gastronomie, d’histoire et de poésie, mais aussi les tablettes d’argile de l’Epopée de Gilgamesh, roi légendaire d’Ur, ville de Sumer, sous forme d’un poème datant de 3000 avant Jésus-Christ.
La tablette qui relate les epopées de Gilgamesh Noé et la colombe
On transporta environ 30 000 de ces tablettes au British Museum. Certaines évoquaient un récit bien plus ancien que celui de la Bible : « six jours et sept nuits durant, ce fut le déluge et le vent », raconte à Gilgamesh un vieux sage rescapé du cataclysme.
L’histoire de la plus ancienne civilisation mésopotamienne, celle de Sumer, commence donc par le déluge.
Au deuxième millénaire avant notre ère, l’Epopée de Gilgamesh était connue dans tout le Moyen-Orient.
Les auteurs de la Bible avaient donc vraisemblablement connaissance des récits mésopotamiens du Déluge, bien que les deux versions divergent sur de nombreux points.
Ces différences laissent supposer l’existence d’une tradition orale tout aussi ancienne.
Un mythe universel
En effet, le mythe du déluge s’est répandu notamment grâce à la tradition orale, ce qui pourrait expliquer les « contaminations », d’un peuple à un autre. Or, si les analogies entre certains mythes africains et ceux du sud-ouest asiatique étonnent les chercheurs, ce n’est pas dans toutes les civilisations que le déluge se justifie par la punition divine.
Le mythe est répandu dans le monde entier comme en témoignent les différentes traditions ci-après. En Alaska, l’espèce humaine se seront à bord d’une arche gigantesque ; en Californie, chez les Indiens de la côte Nord, les hommes et les animaux sont anéantis ; au Paraguay, à une époque lointaine, une grande inondation émerge la totalité des terres et seuls quelques jeunes gens en réchappent, aidé par un grand oiseau blanc ; au Pérou, la montée des eaux atteint et dépasse les sommets les plus hauts l’humanité entière périt, à l’exception d’un homme et une femme qui flottent dans une coque végétale jusqu’à Tiahuanaco, poussés par le vent.
L’arche de Noé et la colombe
Plus près de nous, la mythologie grecque raconte que Zeus déclenche un déluge pour détruire l’humanité, mais Prométhée parvient à prévenir son fils Deucalion qui construit un grand navire pour se sauver.
À Rome, Jupiter en colère contre les hommes décide de les anéantir ; grâce au concours de Neptune, il déchaîne des tempêtes et des tremblements de terre si puissant que l’ensemble des terres est submergé, à l’exception du mont Parnasse où trouvent refuge Deucalion et son épouse Pyrrha.
En Irlande, seul Fintan échappe au déluge provoqué par les dieux ; ensuite, après avoir dormi des siècles sur une plage, il arrive à notre époque en voguant sur les vagues pour transmettre aux savants d’Irlande toute la science dont il est le dépositaire.
Ce même mythe existe aussi en Orient : en Chine, le Dieu Gong Gong provoque un déluge qui dure 22 ans et oblige les hommes à aller vivre sur les montagnes ; en Thaïlande, un frère et une soeur, prévenus par une petite souris du déluge imminent, creusent une courge pour s’en faire une embarcation et se sauver des flots.
L’avis des scientifiques
Mais qu’en est-il du bien-fondé scientifique de ces légendes ?
Y a-t-il vraiment eu une époque où la terre a été submergée par les eaux ?
D’après nos connaissances actuelles, les grands changements climatiques survenus depuis environ 1 million d’années, du temps où l’humanité existait déjà, ont conduit à l’alternance de périodes de grandes calottes glaciaires recouvraient la plupart des continents, et de périodes plus chaudes où ces glaciers fondaient.
Rien qu’au cours des 700 000 dernières années, la Terre a connu sept périodes glaciaires.
Dans ce tableau de Jacob Bouttas (1700 environ), Noé remercie Dieu par un sacrifice, pendant que les animaux quittent l’arche au sommet du mont Arrarat
Il y a 7600 ans (vers 5600 avant Jésus-Christ), le niveau de la Méditerranée était de 15 mètres inférieur à celui d’aujourd’hui.
De chercheurs américains soutiennent que cette même époque, la mer Méditerranée s’est soudainement déversée dans la dépression de la mer Noire, créant ainsi une sorte de cataclysme qui pourrait avoir inspiré la description de l’Epopée de Gilgamesh.
Un tel événement serait survenu justement à la suite de la dernière période glaciaire.
Ainsi, l’eau aurait submergé les terres et les villages en avançant de 2 à 3 km par jour. Pour sauver leur vie, les hommes se seraient donc enfuis aussi loin que possible, en se transmettant le récit d’un déluge universel.
L’élévation du niveau de la mer
Pour quelles raisons retrouve-t-on le mythe du déluge jusqu’en Australie et sur le continent américain ?
Le seul événement géologique comme l’élévation du niveau des océans au cours des derniers 18 000 /20 000 ans.
Il y a environ 14 000 ans, le niveau de la mer montait environ 3 cm par an.
Il est donc vraisemblable que des populations entières se soient déplacées d’un endroit à un autre de la planète en empruntant des ponts naturels, ensuite submergés par les eaux.